Créé le : 28/07/2020
L’afflux de pétrole de schiste sur le marché ces dernières années a entraîné une baisse des cours du pétrole qui a été amplifiée par la pandémie de COVID-19. La propagation du virus en début d’année a poussé la Chine vers le verrouillage entraînant une brutale chute de la demande. Les mésententes sur la stratégie à adopter au sein de l’OPEP+ n’a fait qu’accélérer cette chute des prix et le prix du Brent a flirté avec les 20 dollars le baril en avril. S’il est actuellement remonté autour de 40 dollars, des scénarios divergents s’affrontent entre un maintien durable autour de 45 à 50 dollars le baril et une flambée des cours entre 70 et 80 dollars le baril entre 2022 et 2030 si la demande retrouve son niveau passé.
En effet, confrontés à la baisse des cours du pétrole et à la chute de la demande, les compagnies pétrolières ont réduit drastiquement leurs coûts et leurs investissements : moins 32% cette année, d’après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soit 165 milliards de dollars de moins qu'en 2019 (source : Rystad Energy).
Au total les investissements annulés en 2020 se traduiront dans 5 ans par 2,1 millions de barils par jour en moins. L’offre mondiale est restreinte d'environ 2% et Rystad ne prévoit pas de rebond pour les investissements l'an prochain. Ils resteraient au même niveau qu'en 2020.
Les conséquences sociales seront lourdes. Plus de 100 000 emplois ont déjà été supprimés aux Etats-Unis selon Rystad, et les salaires baisseraient de 10% l'an prochain. Les sociétés de services parapétroliers, comme l'américain Schlumberger, les français TechnipFMC, Vallourec ou CGG, vont supprimer le cinquième de leur effectif mondial en 2020, soit un million de postes.
Le choc économique engendré par l'épidémie accélère des tendances qui étaient déjà à l'oeuvre auparavant. Du côté de la consommation, le e-commerce a explosé. Les ventes en ligne ont davantage progressé en douze semaines que pendant les douze dernières années ! Du côté de la production, les projets d'automatisation vont se multiplier dans les prochains mois, dans la mesure où ils minimisent les interactions humaines. Le choc économique va être très différent d'un secteur à l'autre... Mais après avoir traité les situations d’urgence, les Etats vont-ils profiter de l’occasion pour accélérer la transition énergétique ?
Dans la situation actuelle, les besoins en investissements sont énormes, et les Etats seront tentés de vouloir relancer l'économie qui existe déjà au lieu de faire émerger celle du futur. Et donc vouloir préserver les emplois d'aujourd'hui au détriment des emplois de demain.