Consacrée aux innovations dans le domaine de l’usinage, la journée organisée par le Comité programme « filière usinage » du Cetim avec l’appui des syndicats FIM moules et prototypes, Amics – E&PI, Symop, a séduit bon nombre de participants. Au cœur des débats : fabriquer mieux, plus vite et moins cher.
La journée « filière usinage », de restitution des résultats des actions collectives qui a eu lieu à Senlis le 14 juin 2012 a débuté par une table ronde sur le thème des défis de la production et des moyens mis en œuvre pour réussir. Elle a réuni plus de 80 participants autour de trois grands témoins, Benoît Marguet, responsable du service Méthodes et Process de l’usine Airbus Saint Éloi à Toulouse, Joseph Di Santo responsable méthodes d’usinage d’Alstom Power Hydro et Philippe Vannerot, p.-d.g. d’Applications Additives Avancées (3A).
Premier à prendre la parole, Benoît Marguet a mis l’accent sur l’usinage de nouveaux matériaux, comme le titane. L’usine d’Airbus de Saint Éloi, qui fabrique quelques 1 400 pièces différentes par an, a adopté ce matériau qui se marie très bien avec les composites, de plus en plus présents dans la construction des avions. Mais son usinage est loin d’être évident.
« Nous avons trois axes d’amélioration permanente », explique Benoît Marguet. La productivité, tout d’abord. Mais l’augmentation du débit de copeaux de titane pose un défi important aux équipes techniques : la dissipation de la chaleur. Autre obstacle : le mélange chimique, pendant les opérations d’usinage, entre le titane et l’outil de coupe. Les spécialistes d’Airbus étudient également l’assistance à la coupe. Parmi les voix explorées : l’usinage cryogénique, la lubrification très haute pression, le chauffage par laser, le perçage vibratoire, etc. Enfin, l’usinage au plus près des cotes est un souci important. « Est-il raisonnable de jeter à la poubelle 19 kg de titane pour arriver à une pièce finale qui pèse 1 kg ? », interroge Benoît Marguet. La solution : inciter les forgerons à continuer leurs recherches pour économiser la quantité de copeaux à éliminer. La reconstruction des ébauches par soudage ou par fil est une autre voie d’amélioration.
Joseph Di Santo d’Alstom Power a mis l’accent quant à lui, sur les recherches faites par l’usine de Grenoble pour améliorer la qualité des turbines hydrauliques qu’elle fabrique. Un travail de longue haleine notamment au niveau du polissage des roues de ces turbines, proche du poli miroir, et qui est réalisé avec des installations robotisées. Certaines de ces roues, destinées au barrage de Trois Gorges en Chine, pèsent 500 tonnes. L’usine se préoccupe également de prestations fournies par les sous-traitants, qu’elle assiste dans leurs efforts de formation pour améliorer la fabrication.
Philippe Vannerot, p.-d.g. de 3A a, de son côté, expliqué les atouts mais aussi les limites actuelles de la fabrication additive, en soulignant son efficacité dans le cas des pièces complexes et à forte valeur ajoutée. « Cette technologie permet justement de se rapprocher au plus près des cotes et donc de faire des économies sensibles de matière première », indique Philippe Vannerot. Reste à convaincre les bureaux d’études de la prendre en compte dès la conception. Pour cela, un effort pédagogique est nécessaire. Mais, certains industriels comme Mécachrome ou Avio seraient déjà passés à l’acte.
Des approches et des problématiques qui ont séduit l’auditoire. Il est vrai que le programme des conférences et des ateliers a été riche. Les participants ont pu ainsi apprécier l’efficacité de la solution TechniQuote du Cetim qui assure le chiffrage d’une pièce en quelques minutes ou les avancées en matière de perçage vibratoire. Ils ont été nombreux également à profiter des résultats des travaux sur le micro-usinage, l’usinage électrochimique, la programmation d’usinage, voire le grainage laser des moules d’injection, un procédé qui élimine la pollution et peut même se combiner sur un même équipement avec le fraisage.
Les participants ont également pu s’informer sur les plateformes d’usinage en temps partagé du Cetim, dont une nouvelle unité sera mise en service à partir de septembre 2012. L’objet : l’usinage 5 axes économique. Les inscriptions sont ouvertes. Avis aux amateurs…
(1) Le comité programme « Filière usinage » du Cetim regroupe les membres des commissions professionnelles « Mécanique industrielle », « moules », « machines-outils », « outils coupants » du Cetim.
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