Fabricants et chercheurs dans le domaine des prothèses sont à l’affût des innovations. Pour ce faire, ils s’appuient sur un autre acteur essentiel du domaine : le chirurgien, à même notamment d’évaluer in situ la pertinence des nouveautés techniques. Une problématique au cœur des débats de la 11e édition de la journée sur les implants orthopédiques.
Confirmation de la journée « Innovez dans les implants orthopédiques », la synergie dans le domaine des implants orthopédiques constitue une priorité. Chercheurs et industriels, en quête constante d’innovation, continuent à lever les freins encore existants, et affirment la nécessité de travailler de façon conjointe. Et dans ce registre du développement de prothèses orthopédiques, le chirurgien est, lui aussi, un acteur incontournable. En contact direct avec le patient, il est à même d’évaluer le comportement des implants posés. Parce qu’il est au cœur même du processus d’innovation, à l’instar des fabricants et chercheurs, les organisateurs de la journée ont décidé de confier la présidence de cette 11e édition au professeur Frédéric Farizon (chef de service au sein du Centre d'orthopédie et de traumatologie du CHU Saint-Étienne). Quatre chirurgiens orthopédiques ont également été au cœur des débats.
Améliorer le confort du patient
Selon Bertrand Boyer, chirurgien orthopédique au CHU de Saint-Étienne, la solution la plus répandue depuis 20 ans est la prothèse orthopédique qui met en œuvre le couple métal-métal. Bien qu'elle donne des résultats globalement satisfaisants, surtout chez les jeunes patients, et qu'elle constitue la seule réponse en présence de très gros diamètres, elle montre certaines limites. L'implant peut être à l'origine de certaines maladies (métallose, pseudo-tumeurs, etc.) et les complications (de 0 à 4% des cas à l'échéance de 10 ans) peuvent s'avérer dramatiques. D'une manière générale des progrès doivent être effectués afin d'allonger la durée de vie et d'accroître le confort des implants. Le patient doit pouvoir « oublier » sa prothèse dans la vie courante. Dans ce but les acteurs de la filière doivent relancer l'effort d'innovation qui a tendance à s'essouffler.
Les pistes de progression
Il faut améliorer les performances des matériaux et des revêtements de surfaces, mieux appréhender la cinématique d'usage des implants actuels, mais aussi revoir les critères de caractérisation des surfaces. Il est aussi très important de développer d'autres types de couples, de nouvelles techniques de simulation, des systèmes de navigation et de nouvelles interfaces de communication. Selon Richard Ballas, lui aussi chirurgien orthopédique, les nouveaux outils de navigation, le GPS du chirurgien et l'imagerie médicale constituent de bons moyens d'optimiser le travail du chirurgien, « il lui permette de bien préparer et planifier son intervention, de fiabiliser son geste et de mieux se concentrer sur son cœur de métier ». C'est aussi un bon moyen d'optimiser le confort du patient...et celui du système de santé. Comme l'ont confirmé les trois ateliers organisé durant l'après midi il existe de nombreuses opportunités de progrès technique dans le domaine des implants. Le collage, en particulier, présente un important potentiel comme mode d’assemblage des implants modulaires et les ancillaires. Les ressources de la mécatronique et les nouvelles générations de capteurs sont un moyen d'augmenter les performances des instruments au sein du bloc opératoire. Quant aux techniques d'ingénierie de surface, elles constituent un fort axe de progrès. Selon les experts du secteur elles peuvent se concrétiser par de nouvelles fonctionnalités (repousse osseuse par exemple) qui pourront sensiblement améliorer le confort des patients.
L'avis de Bertrand Boyer (CHU de Saint-Étienne ) :
« Il faut relancer l'innovation. »
Le processus d'innovation a fortement faibli ces dernières années dans l'univers des implants. Les acteurs de la filière hésitent à innover à cause des problèmes posés par certains produits innovants au début des années 2000. Il n'y a plus de véritable innovation de rupture, mais uniquement de petites évolutions technologiques. Cette tendance est inquiétante et il faut la renverser. Il reste encore un vaste champ d'innovations à exploiter. Il faut continuer à innover dans des domaines comme la tribologie et la simulation afin d'améliorer les performances fonctionnelles des prothèses orthopédiques et leur durée de vie. Les progrès ne sont possibles que si les acteurs de la filière coopèrent et s'ils parlent un langage commun. Dans cette perspective, les ingénieurs doivent se former au médical et les chirurgiens à l'ingénierie. Un nombre croissant de chirurgiens est prêt à quitter leur blouse afin de coopérer avec les industriels et les chercheurs.
* organisée le 14 juin 2012 à Saint-Étienne par le Cetim, l'Ardi, Icare, le PTM, l'OST et le CEM la 11e journée « Innovez dans les implants orthopédiques » a réuni une centaine de participants.
Contacts :
Bruno Davier